mardi 25 septembre 2012

Guéa et la chair

Ce ne sera plus de la brique rouge qu'on verra par la fenêtre, mais de la brique grise.
Toutes mes inhibitions m'ont quittées.
Je suis pénétrée d'endorphines.
Je pense à des choses sales.

L'alcool est universel, ubique. On peut boire une bière dans un bistro, on peut boire du vin et de l'hydromel à la montagne.

Cet été n'a pas de fin.

Épicurienne avérée, je m'adonne au plaisir comme d'autres s'adonnent à la broderie au petit point, à la littérature, à la chasse et à la pêche.

Délices de la mer, un goût salé et une texture lisse.

jeudi 20 septembre 2012

Pensée sobre



Des fois, nommer les choses, ça aide à les faire se réaliser. D'autres fois non (nom).

L'action de nommer (la «dénomination»? L'actualisation par le langage?) est plus efficace, me semble-t-il, dans les domaines de l'interpersonnel et d'élaboration identitaire. De dire qu'on est tel ou tel contribue à forger sa persona dans la psyché de l'autre, et aussi d'établir sa relation avec l'autre. C'est un genre d'action réalisée par le langage (de la pragmatique, finalement). Par exemple, quand on dit à quelqu'un «Je suis ton ami», on peut argumenter de façon assez satisfaisante, ce me semble, qu'on ne fait pas qu'annoncer qu'on est l'ami de quelqu'un: on créer un peu l'amitié par le geste même de la nommer.

La dénomination perd de son pouvoir dans l'action, dans le concret, ou du moins il devient un facteur un peu plus subalterne. Dire qu'on va faire une chose préside moins nécessairement à sa réalisation que de dire que l'on est une chose, même si dans les deux cas, la corrélation avec le réel n'est pas systématique.

mardi 18 septembre 2012

Entre deux ou plusieurs Guéa

Cliquetis, cliquant, clique.
Clique. Clique. Clique. Clique.
Tout est stimulant
et m'appelle

Une nouvelle information
Un spirituel divertissement
Revenir, y-a-t-il eu un son un
Clic? Un
Petit morceau qui réussira à
me garder
Stable et
concentrée
et

--
Non. Qu'est-ce que je faisais?
Aller dans la cuisine. Découper des légumes.
Partir le --
Ah, je vais aller voir la technique, le --
Retour au bureau.
Ah oui, le truc que j'ai commencé, un trait ici, le--

Ah, tiens, le Dropbox clignote. Wow dis-donc les mecs vont vite et moi aujourd'hui j'ai pas encore travaillé mais je me demande s'il il y a quelque chose sur le--

Courriel. Ah, la circulaire. Mh, ça a l'air bon ça. J'irais bien voir ça avec un ami, d'ailleurs qui est sur le--

Facebook. Personne, Tient, S. Je devais pas aller souper avec elle et Lau...?

Merde!
L'eau à la cuisine.

Le dessin imparfait.

Le texte silencieux.

L'appartement n'est habité que de la foule de mes gestes,
peut-être laissés toujours incomplets par peur de la solitude.

lundi 17 septembre 2012

Dans un instant, être seule

Aujourd'hui, c'était une journée normale.
Du travail. Du chaos. Aller à reculons, mais y aller, mais en cirumnavigant en décrivant un arc de plus en plus petit...
Somme toute une bonne journée.
Et puis, petit à petit, le démon revient au galop:
Mistrelle, vin, bière, autres choses...

Le problème d'être avec les autres, c'est que c'est jamais un vrai moyen de contrer le silence, la solitude.
En communiquant on arrive pas toujours à dire ce qu'pn aurait à dire.
Rien d'essentiel, pas nécessairement, enfin... En tout cas il y a des obstacles.

Le problème, c'est qu'il faut se butter à des détours sans cesse si on veut, un jour, réussir à dire et éventuellement à faire et donc éventuelle à être ce qu'on veut.

Mes jours sont curieux. Le temps est différent. Il n'y a plus l'angoisse qui faisait somme toute assez bien office de jalons linéaires.

Somme toute ça va.
J'ai le sommeil agité.

Mais, tout compte fait... Tout bien additionné... Lorsqu'on a tout pris en considération... Si on inclus tous les facteurs... Lorsqu'on se peint un portrait plus vaste de la chose... S'il faut décrire l'ensemble des données...

Ça va.

jeudi 13 septembre 2012

Post-Guéa, 1

Hier je m'étais promis d'être sage.
Mais l'alcool fait le larron, comme disait un des joyeux convives.
On était en fort bonne compagnie.
Nos charmes étaient appréciés.

Je me suis enfilé vraiment plein de bonnes choses dans le gosier, avec gourmandise.
Du vin, par exemple.
Un gin tonique, très mauvais.

Pizza à la truffe.

Des Old Fashionned vraiment savoureux. Le whisky délicatement parfumé au zeste d'orange, moelleux et sucré. Mmh.

J'avais travaillé fort sur mes charmes, et comme prix de mes efforts, j'obtins des consommations, rubis sur l'ongle.

Des beaux moments émouvants et décadents de flirts littéraires décents et d'expansivité par trop honnête et imbibée.

Oh, moments d'imbibe... ments. Imbibition. Imbue. En bue?

Nous étions d'histrioniques courtisanes, on nous célébrait.

Souvenirs enjolivés de nouveaux amis, fantaisies un peu illicites...

Et aujourd'hui je paie.

mardi 11 septembre 2012

C'est une course

Au tout début, il y a eu le soleil, et le vent.
À petits coups saccadés et haletants, d'une secousse brusque mais quand même insuffisante, les pieds se sont appuyés sur les pédales. Un rythme au pas, ponctué du souffle court de la cycliste molle.
On entendait le gravier crisser sous les pneus, et le vent dans les oreilles, et la respiration faisait mal, mais il fallait garder la vitesse, la lenteur était insupportable.

Après un moment, deux tours de la carrière Miron, il a fait soif. La bouteille avait été oubliée, distraitement. Il fallait subir la salive épaisse, visqueuse, salée, dans une cavité orale sèche. Caries oubliées, troglodytes mises à nu... Zones de chaleur sur l'épiderme et une soif intense, péremptoire;
Dans l'espèce d'immense temple, on pourrait croire qu'on s'est fait assommé par la chaleur, le manque d'eau, la fatigue des membres et du coeur. Mais il y a aussi tous les fidèles dans l'immense temple, toutes les reliques.
«Hein? Ils vendent du linge dans les Maxi?"
Un bourdonnement. Comme un automate, j'en prend, je me ressers, et on repart, alourdi.

À la maison, il y a eu deux, trois, quatre bières? D'abord, elles sont fraîches, avec quelque chose de nourissant. La langue sape le liquide qui est tour à tour froid, moussu, lisse, odoriférant, rassasiant.
Et puis ça devient frénétique. Par delà le plaisir du corps. C'est encore une course. J'en prend une, je la finis, je m'en reprends.

S'y joignant, ce sont, enfin, les émanations poivrées des herbes. Je suppose qu'elles finissent gagnantes, parce que tout est retombé, les clameurs ont retenti, le drapeau s'es abaissé, il y a eu désignation du vainqueur, je n'ai pas les noms, il n'y a plus personne, juste moi et ma stase.

La faim est toujours là qui tenaille. C'est une course, je vous ai dit. J'ai mastiqué et avalé  et m'en suis resservi et je reboirais et je refumerais parce que mon ventre était avide, je suis toujours avide, jusqu'à ce qu'on s'arrête.

2

Fixer l'écran.
Trop de sollicitation.
Rester indécis, vague.
Baisser les yeux... Oublier;
Regarder l'écran, se remémorer.

Il y a des jours en pure perte. Ou, quelques fois, notre prestation n'eut pas valu que l'on emploie tout ce jour; c'est du gaspillage.
Faire l'expérience de l'état le plus stable possible. Ça ne tombera pas plus bas.

Songer doucement à des amours et des chimères, comme si, étant en dehors du temps, ils nous permettaient d'éviter cette sensation de perte pure.

Absorber tout le soleil et le chant des cigales par l'épiderme ébahi, content, vain.


lundi 10 septembre 2012

Guéa, mite imbibée. Première éructation.

Mon premier est ma création.

Mon deuxième est ce geste, impression discrète de caractères, les uns après les autres, selon un ordre déterminé à certains niveaux, mais devenant quand même imprévisible, plus le degré de sophistication dans la structure avance. Bref. Mots, syntaxe, idée.... Direction?

Mon troisième est un état qui se qualifie, indépendamment de la substance ingérée, aspirée, "pratiquée" dans tous les cas, bref un état qu'il est loisible de décrire, tous facteurs confondus, comme étant altéré.

Mon tout n'est pas une charade.

Mon tout s'appelle Guéa, c'est une mite. Elle est pleine, elle est saturée. Pressez-la, de la substance perlera au bout de votre petite phalange mignonne, que la répulsion grimaçante s'en suivant punit de sa curiosité.