jeudi 24 octobre 2013

Poulâh


cette fin de semaine
m'a m'acheter un poulâh
m'a rôtir le poulâh
m'a faire un bouillon ensuite avec la carcasse du poulâh
ça va d'être
tute une fin de semaine.

lundi 14 octobre 2013

Esquisse blues

Elle s'avance dans la nuit sèche des contrées désertiques. Sa botte fait crisser le gravier sous elle. On entend le hululement d'une chouette, le froissement d'un buisson d'amarante. Non loin, les éclats d'un banjo, la mélopée d'un blues à la voix d'airain, de cristal, de bois de grève léché et reléché par les marées. Ses jambes nues et fortes brillent à la lune. Elle porte un vieux jeans élimé et fort raccourci, les bottes que nous mentionnions, un vieux chapeau à la visière mainte fois tordue en place, une souple couverture de laine en guise de manteau. Une paire de gant de cuir marque la cadence de sa marche. L'incandescence d'un mégot de cigarette décrit une parabole hachée, seule couleur chaude dans tous ces bleus et ces bruns. Elle a, bien sûr, une guitare au dos, quelque chose à accorder.

Ce sont des contrées que l'on traverse, nul port d'attache ici. Elle l'a laissée dans sa chambre, languissante, tissant la tapisserie de son attente. Des paysages de sable, de maigres coyotes solitaires, de lézards qui ont sûrement compris quelque chose à fixer ainsi le vaste horizon. Le goût du whisky se rappelle sur ses lèvres sèches.

Elle est seule, elle a tout son silence, une arme, du moonshine de contrebande dans une flasque tiédie au contact de la chair dans la tige de sa botte droite.

Elle peut faire un feu de camp ou rejoindre les musiciens.

Son cuir sent. Comme il se doit.

Elle se rappelle la douceur de cette oreille d'âne, les yeux émouvants du baudet. Oh elle est loin, la ferme familiale, les poules dodues qui piaillent, la mère et son tablier rosâtre, le père et son chiendent à la gueule, les grandes bourrasques de poussière. Les galettes chaudes de maïs ou de sarrasin selon la saison, cuites à même la fonte du poêle. Ragoût d'écureuil, d'opossum, de venaison prise non loin.

Sur ses lèvres sèches, le goût du whisky. Quelque chose dans la gamelle serait un bienfait.

À suivre?

vendredi 11 octobre 2013

Laitue frisée 1


J'ai de l'empathie pour la laitue frisée. On la méconnais, je trouve. J'irais même jusqu'à dire qu'on la méprise un peu. Souvente fois, on la vois agrémenter des mets pour sa seule fonction esthétique dans leur représentation sur les menus rétroéclairés des fast-foods et autres bouibouis sans que jamais, jamais, on ne la retrouve ensuite servie dans lesdits plats. Voilà. On se sert d'elle pour ses connotations de fraîcheur, de santé, de vert et puis une fois le moment du déploiement arrivé, on la laisse pour compte.

Elle a des qualités, la laitue frisée, outre sa plus-value de présentation. En effet, elle est une bonne source de minéraux, de fibres, d'eau et de vitamines. Des plus méchants la disent insipide, moi je la trouve légère. Elle est croquante aussi, ce que les croquants reconnaissent.

You so funny, laitue frisée. Tellement funny que tu ornes des fausses boules qui manifestent à grand coup de bodés et d'opération promotionnelle pour le PETA.

Mais on t'oublie vite.Je comprends ça. C'est notre croix.

Y a des gens qui se servent de toi comme pita super vegan. Les coréens t'emplissent de bonnes choses cuites à la pierrade et de kimchi pour faire délicieusement passer tout le graillon. C'est un bon début. Couvre de ton corps et de ta fraîcheur des éléments plus savoureux.

En salade, tu es parfaite, rien à redire.

Et si on y pense, en garniture aussi, dans des rouleaux de printemps. Faudrait quand même pas oublier de te pimper un peu, avec de la menthe, de la lime et du nuoc-nam, par exemple.

T'es un peu difficile à apprêter autrement que crue, il faut le reconnaître.Mais je sais qu'il existe des potages faits de toi. Ça a même un nom : le potage Choisy. CHOISIS d'être plus, laitue frisée, même si on te préfère la Romaine ou la Bostonnaise.Qu'est-ce qu'on peut faire pour que tu jouisses un peu de la reconnaissance à laquelle tu es en droit d'aspirer?

Mais moi, je dis qu'on peut trouver des façons de te mettre en valeur pour toi-même.

Par contre, faut que je te dise, laitue frisée, si tu veux qu'on se rendent compte que tu existes un jour, you got to get cracking et autrement que sous la dent, le temps d'une bouchée blasée. Hein?

T'es capable, laitue frisée.